Les richesses naturelles du Larzac

Busard cendré emportant un campagnol © B. Decorde

Les plateaux calcaires des Grands Causses – dont le Larzac, à cheval sur l’ouest de l’Hérault et le sud de l’Aveyron, est le plus grand – combinent des influences climatiques complexes : méditerranéennes par le sud, océaniques par l’ouest, montagnardes à tendances continentales par le nord. L’aridité du substrat rocheux, dans lequel les pluies disparaissent rapidement pour s’infiltrer dans l’immense réseau karstique souterrain, les 40 journées de gel hivernal sur le Larzac, la violence et la brièveté de certains abats d’eau venus du sud, l’impact du vent quasi continuel sur ces vastes étendues, la chaleur et les longues sécheresses de l’été, créent un climat rude auquel les populations humaines et les éléments naturels ont su s’adapter au fil des millénaires.

Sur ces hautes terres (entre 600 et plus de 1000 m d’altitude) les premiers pasteurs itinérants, puis des éleveurs sédentaires, ont peu à peu défriché chênes, pins et hêtres, pour établir des pâturages maigres, complétés au cours des siècles par quelques labours dans les creux qui retiennent la bonne terre rouge, façonnant ainsi un paysage et un milieu naturel exceptionnels.

Exceptionnel par l’importance des milieux herbacés parsemés de buissons et parfois de bosquets, qui s’ouvrent sur des horizons infinis

Anémone pulsatile © E. Alain

Exceptionnel par la multiplicité des espèces végétales (2000 espèces de plantes sur les Grands Causses, soit 40% de la Flore de France), dont certaines sont endémiques (n’existant dans le monde que sur les Causses), tandis que d’autres sont arrivées des steppes de l’est de l’Europe ou de l’ouest de l’Asie, sont remontées de la méditerranée, ou venues de montagnes plus élevées, telles les Pyrénées.
Ces parcours à moutons, évalués comme pauvres d’un point de vue purement agronomique, sont pourtant considérés très riches par l’éleveur ovin comme par le botaniste.

Chaque printemps les floraisons massives des asphodèles blanches, des iris nains bicolores, des minuscules jonquilles des Causses, les tapis mauves des anémones pulsatiles ou les nappes rases et bleues des lins attirent les visiteurs et les photographes. L’été les plumets ondulant au vent des stipes pennées (ou cheveux d’anges) prennent le relais parmi les paysages originaux des Causses.

Centaurée des Montagnes © D. Voillaume

Plus discrètes, les pelouses à orchidées sont prospectées, en mai et juin, par les passionnés pour détecter, parmi des dizaines d’espèces d’ophrys, l’endémique et rare ophrys d’Aymonin. Plus de 65 espèces d’orchidées sont présentes sur les Grands Causses parmi les 160 existantes en France.
Ce tapis végétal très diversifié, qui se répartit en mosaïques variées et imbriquées, suivant un petit creux, une meilleure exposition au soleil ou un versant à l’abri du vent, un affleurement rocheux ou une paroi de falaise exposée au nord dans les gorges qui délimitent chaque Causse, a permis un développement extraordinaire des insectes et autres menus animaux qui dépendent tous étroitement des végétaux qui les abritent et les nourrissent.

La cardabelle, ou carline à feuilles d’acanthe, espèce emblématique du Causse, attire à elle seule plus de cinquante espèces de papillons diurnes, venus s’y alimenter ou y pondre. La diversité et l’abondance saisonnière de cette petite faune, l’étendue et la pérennité de paysages ouverts ou semi ouverts, ont permis l’installation et le maintien de familles d’oiseaux très particuliers, et qui deviennent rares ailleurs, comme les pies grièches (écorcheur, tête rousse, méridionale), les traquets (motteux, oreillard), tarier pâtre, alouettes (lulu des champs), pipits (rousseline, des arbres) ainsi que des fauvettes (orphée, grisette, passerinette, des jardins, à tête noire).

Craves à bec rouge © B. Ricau

Des espèces très particulières, que l’on vient observer de toute l’Europe, comme le monticole bleu dans les falaises et le monticole de roche dans les reliefs ruiniformes des secteurs à dolomies, également un corvidé très spécialisé, le crave à bec rouge, qui exploite, en bandes parfois nombreuses, les pelouses rases, les labours et les cultures aux premiers stades de croissance, fouillant la terre de son long bec carmin, à la recherche des petits organismes du sol, sont des curiosités que les ornithologues cherchent à « cocher » dans leur carnet ou leur Smartphone.

Durant le jour, le circaète Jean le blanc, à la recherche des lézards et serpents, survole le Causse du Larzac. A la tombée de la nuit, c’est le hibou grand duc qui prend le relais pour sa chasse.
D’autres rapaces plus modestes, mais tout aussi affamés de petites proies, busards cendrés ou Saint Martin, buses variables, faucons divers (crécerelle et pèlerin toute l’année, kobez en migration, d’éléonore et crécerellette en séjour de milieu et fin d’été), milans noirs et royaux, ces deux derniers tout autant éboueurs que prédateurs, tout comme les nocturnes (hulotte, moyen duc, petit duc) peuvent parfois être capturés et consommés par le puissant aigle royal s’il n’a pu se satisfaire de ses proies plus habituelles (lièvres et lapins, perdrix, renards , blaireaux, genettes, fouines, chevreuils).

Lézard occelé # P. Maigre

Même les grands vautours (moine, fauve, percnoptère) craignent les attaques d’un Aigle

Chaque couple adulte de ce super-prédateur, sédentaire et situé au sommet des chaînes alimentaires des grands Causses, défend activement un territoire de 15 000 ha environ, contre les intrusions de ses congénères (couples voisins, jeunes aigles erratiques). Au sein de ce domaine vital une ou deux falaises de nidification (parfois pourvues de plusieurs aires de grosses branches) et quelques secteurs de chasse, riches en proies et plus faciles à prospecter sont reliés par des « routes aériennes » (lignes de crêtes, pointements rocheux, cols), parcourues quotidiennement par cette paire d’aigles territoriaux.

Pour marque-pages : Permaliens.

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